« Il fait trop chaud ! » Qui n’a pas prononcé cette phrase pendant le mois de juin ou l’été dernier ? Vagues de chaleur qui durent, canicules, le quotidien de nombreux Nantais et Nantaises devient difficilement supportable à chaque été qui se succède. Surtout que, selon une étude de l’Agence d’urbanisme de la région nantaise (Auran), il fait en moyenne 2,6°C plus chaud dans la ville que dans le reste du département. « Cet écart existe toute l’année, explique Marjorie Musy, directrice de recherche au Cerema et responsable de l’équipe de Recherche Bâtiments Performants dans leur Environnement. En hiver, il est notamment dû au chauffage mais personne ne s’en plaint, par contre l’été ces quelques degrés sont importants. »
Des phénomènes plus fréquents et longs
Les derniers rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) l’affirment, ces phénomènes climatiques extrêmes seront plus fréquents, plus longs et plus violents. Les villes sont en première ligne car elles piègent la chaleur. « Les matériaux qui composent les rues, les bâtiments stockent la chaleur, contrairement à la végétation, et renvoient le rayonnement solaire sur d’autres bâtiments, précise Marjorie Musy. Le problème n'est pas tant l’écart de 2-3°C en journée entre ville et campagne que l’écart en soirée/début de nuit que l’on peut mesurer jusqu’à 10°C ! Les matériaux déchargent la chaleur le soir, la ville refroidit donc moins vite, c’est ce que l’on appelle le phénomène d’îlot de chaleur. » Lors des canicules, il devient donc très difficile de rafraîchir son logement la nuit.
Toujours selon l'Auran, entre 1970 et 2010, les températures moyennes ont augmenté de près de 1,5°C, atteignant un niveau comparable à celles de Toulouse ou Bordeaux dans les années 1980. Avec +3°C, Nantes aura sensiblement la même situation que Marseille ou Montpellier aujourd’hui. Au-delà de l’inconfort, la chaleur peut être dangereuse car elle affecte la santé physique et mentale des personnes. Déshydratation, manque de sommeil, stress… Au cours des années 2017-2021, le nombre de morts liés à la chaleur a augmenté de 68 % dans le monde par rapport à la période 2000-2004 et plus particulièrement dans les villes. Il devient alors urgent d’adapter les agglomérations pour affronter des vagues de chaleur qui deviennent la norme. « À Nantes, notre premier Plan Climat date de 2007, explique Alban Mallet, chargé de mission transition écologique et climat à Nantes Métropole. Il définissait en priorité des politiques de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre mais en 2018 nous avons pris conscience qu’il fallait accélérer également notre adaptation au réchauffement climatique. »
Observer et mesurer pour imaginer des solutions
Création de parcs et jardins, aide financière supplémentaire pour la rénovation énergétique… Les efforts déjà engagés par Nantes Métropole seront complétés par d’autres à plus ou moins long terme : suppression du bitume, augmentation de la végétalisation, sanctuarisation d'îlots de fraîcheur, réexamen des grands projets d’aménagements urbains… En 2024, un observatoire du climat urbain sera également créé en partenariat avec l’Institut de recherche en sciences et techniques de la ville. « Pour bien comprendre la problématique de la chaleur urbaine afin de prendre les bonnes décisions, il nous faut plusieurs types de données, ajoute Alban Mallet. Des données physiques grâce aux capteurs météo que nous allons installer un peu partout dans la ville et des données sociales récoltées grâce à l’enquête réalisée en 2022 sur la perception des vagues de chaleurs par les Nantaises et Nantais. En croisant ces données nous pourrons apporter des réponses très concrètes là où elles sont nécessaires. »
Une enquête sur le vécu de l’été 2022
En octobre 2022, Nantes Métropole en partenariat avec l’IRSTV a réalisé́ une enquête sur « la perception, les représentations, les pratiques des habitants de la ville de Nantes durant les périodes de fortes de chaleurs ». L’été 2022 a été exceptionnel par la durée des vagues de chaleur (de mi-juin à mi-septembre) et par son intensité (record de température absolue battu sur Nantes le 18 juillet avec 42°C.)