60 %. C’est la part des espaces naturels et agricoles sur Nantes métropole. On y trouve 9 200 hectares de zones humides et marais, 1 000 kilomètres de cours d’eau et un important maillage bocager, avec plus de 2 500 kilomètres de haies et 3 500 hectares de prairies. Le territoire est soumis à de fortes pressions et porte une responsabilité particulière en matière de biodiversité. Après avoir agi ces dernières années sur sa préservation, la collectivité axe désormais son travail sur sa reconquête. Une politique publique a ainsi été définie autour des « 3 R » : reconquête des espaces naturels, renaturation urbaine et reconnexion au vivant. Et pour chacune de ces orientations, diverses actions sont ou vont être lancées.
La reconquête des espaces naturels, c’est quoi ?
Ce sont des actions de restauration écologique, qui vont permettre d’alimenter un Schéma directeur de la biodiversité. L’idée est ainsi de travailler sur la trame verte et bleue (ensemble de réservoirs de biodiversité et de corridors pour les relier entre eux), mais aussi la noire, moins connue. La trame noire consiste à croiser le schéma de l’éclairage public avec les enjeux écologiques. Ainsi, une cartographie a été réalisée pour comprendre quelles espèces sont gênées par tel ou tel point lumineux. Certains seront ainsi réduits ou éteints pour ne plus les gêner.
La Métropole agit également en faveur d’espèces menacées, comme la loutre d’Europe. qui a connu un fort déclin jusqu’aux années 80. Aujourd’hui, elle recolonise lentement les berges des cours d’eau. Cette dynamique est freinée par de nombreux cas de collision avec les voitures aux abords de ponts mal aménagés et infranchissables. La métropole a une responsabilité particulière pour favoriser la reconnexion et le développement des populations de l’espèce, de part la présence de nombreux cours d’eau et de sa gestion d’un réseau routier dense.
Nantes Métropole a construit un programme Loutre afin de favoriser le franchissement de l’espèce sous les ponts à problème en lien avec sa politique de gestion des ouvrages d’art et de restauration des cours d’eau. Il comprend un diagnostic des points noirs de mortalité routière (par le Groupe Mammalogique Breton), des travaux de restauration de la continuité écologique sous les ponts concernés, et une sensibilisation des agents gestionnaires d’ouvrages.
La renaturation urbaine, pourquoi ?
La transformation de la ville va s'appuyer sur le végétal et les sols vivants pour apporter de la fraîcheur lors des canicules, réduire le ruissellement et les inondations lors des orages, nourrir les habitants, ou encore retenir les pollutions avant leur arrivée dans les cours et nappes d'eau. Cette articulation entre la nature en ville, l’espace public, l'eau, les mobilités, l'alimentation, se traduira notamment en 2023 dans la Charte de l'arbre et le Plan pleine terre, pour débitumer et végétaliser.
Le Plan pleine terre, adopté en juin 2022, vise à reconvertir le bitume inutile en sol naturel, plus frais l’été, pour y développer la végétation et la biodiversité. Objectif : 7 hectares sur la métropole (c’est la taille du Jardin des plantes) et 1 hectare en hyper centre.
La reconnexion au vivant, comment ?
La Métropole veut associer les citoyens, les usagers, les acteurs locaux et les territoires à la connaissance de la nature et de la biodiversité. Ainsi, elle s’associe avec les différentes communes pour partager l’Atlas de la biodiversité et structurer un Observatoire de la biodiversité métropolitaine, à vocation scientifique et citoyenne. Ses missions ? Mettre à jour et enrichir les connaissances sur la faune la flore et les continuités écologiques, localiser les enjeux et orienter les programmes d’actions, actualiser les inventaires de zones humides et des éléments structurants du paysage…
L’Atlas de la biodiversité, kézako ?
C’est un outil de connaissance, une photographie de la métropole actuelle. Il a mobilisé 20 partenaires, 500 jours d’inventaire et 1000 observateurs. Il apporte une connaissance naturaliste très pointue, puisqu’il a été pensé sur une maille fine de territoire, 500 mètres sur 500 mètres.
Se reconnecter au vivant, c’est aussi réinventer les cours d’écoles et de crèches à Nantes pour qu’elles deviennent plus « vertes » et que les enfants aient un contact quotidien avec la nature. Une cinquantaine d’entre elles vont ainsi être transformées.
Bientôt une Étoile verte ! L’un des grands projets des années à venir, c’est aussi de faire découvrir ce patrimoine naturel en facilitant l’accès piéton aux vallées et grands sites naturels depuis la ville, dans le respect du monde sauvage.
Et l’arbre, dans tout ça ?
Reconnaître l’existence des arbres sous toutes leurs formes et dans tous les milieux. Telle est la réflexion actuelle de la métropole et de la ville concernant l’arbre. Une charte devrait voir le jour en 2023. Quatre « types » d’arbres se distinguent – et se rejoignent aussi parfois – sur le territoire : l’arbre urbain, le bocager, celui de milieu naturel et enfin l’arbre de forêt.
On retrouve sur le territoire nombre de saules blancs et de peupliers noirs. Une attention est aussi portée aux arbres indigènes tels que le tilleul, l’érable, le chêne vert et le hêtre. Une partie de leurs graines sont ainsi récoltées pour la production de jeunes plants.
La métropole est aussi fortement marquée par la présence d’arbres bocagers. La politique publique entend préserver le bocage en mettant en avant le modèle agroforestier – qui associe l’agriculture et les arbres. Les agriculteurs peuvent ainsi être accompagnés, via le Civam44, dans ce dynamisme, via un diagnostic de leur patrimoine bocager et un plan d’action.
L’intérêt des haies et arbres bocagers ?
- atténuer le phénomène d’érosion
- favoriser l’infiltration de l’eau – et donc lutter contre les inondations.
- atténuer les vents, et ainsi permettre aux cultures de mieux croître et à l’élevage de se développer dans de meilleures conditions.
20%
C’est environ la surface de la canopée de la ville de Nantes – qui est actuellement en calcul. Elle comprend les arbres privés et publics. Plutôt que de comptabiliser les arbres en tant que tels, on caractérise l’indice canopée, c’est-à-dire ce qu’ils représentent en surface. Cela va permettre de faire des choix pour le futur sur les lieux où planter, et les espèces à privilégier.
Les oasis de biodiversité
D’ici 2026, 50 oasis de biodiversité auront vu le jour à Nantes. En 2022, 22 d’entre elles ont déjà été créées par les jardiniers de la Ville de Nantes. De taille variable – de 200 mètres carrés à 18 hectares –, ces lieux, qui se trouvent souvent dans des espaces verts de la ville, bénéficient d’une gestion particulière ou d’aménagements spécifiques en vue de favoriser la biodiversité. Par exemple, dans le parc de Procé, un reboisement a été initié. Dans le parc de l’Aubinière, c’est une mare qui sera mise en place.