Reconnue pour son ambition en matière d’espaces verts et de nature en ville, la municipalité de Nantes entend développer encore un peu plus son « capital vert ». Elle s’est pour cela dotée d’un nouvel outil : le « Plan pleine terre », dont les principes ont été débattus vendredi 24 juin en conseil municipal. L’enjeu ? Réduire les surfaces minérales, qui accentuent la chaleur et empêchent les eaux de pluie de s’infiltrer, pour restaurer des sols naturels, perméables, tout en augmentant la couverture arborée et la végétalisation sur l’ensemble de la ville.
« Nous l’avons bien vu avec cette canicule inédite pour un mois de juin, il est urgent de retrouver un sol vivant, de planter plus de végétation pour lutter contre les îlots de chaleur, les inondations et préserver la biodiversité, explique Delphine Bonamy, adjointe à l’Agenda 2030, la nature en ville, les jardins collectifs et la végétalisation. C’est un plan ambitieux qui nous permettra de lutter efficacement contre le réchauffement climatique et de rendre notre ville plus résiliente ». Plus agréable à vivre aussi pour les habitantes et habitants, en leur offrant de nouveaux espaces de nature pour se protéger de la chaleur, se retrouver, faire du sport, se détendre…
D’ici 2026, l’objectif est de végétaliser en pleine terre l’équivalent de la surface du Jardin des plantes, soit 7 hectares au minimum.
Plus d’arbres et de « rues jardins »
Engagé en 2021, ce plan porte en premier lieu sur la voirie et l’espace public. L’objectif est végétaliser partout où le bitume n’est pas nécessaire, quand on met en place une rue piétonne, une piste cyclable ou qu’on réaménage un espace public. Les interventions seront menées en priorité sur les îlots de chaleur, les secteurs avec des problématiques d’inondation et les quartiers les plus minéralisés avec des carences en espaces verts (notamment le centre-ville, Malakoff, Bellevue-Chantenay, etc.).
Les efforts se concentreront également dans les cours d’écoles et des crèches où les enfants sont plus exposés aux effets de la chaleur, au bruit et à la pollution, mais aussi dans les squares et les jardins où subsiste beaucoup de bitume sans usage (allées, parkings, dalles…), au bord des cours d’eau avec la création de 50 îlots de biodiversité ou encore dans les cimetières. Un travail de liaison des parcs entre eux sera également mené. Il a démarré au printemps 2022 rue d’Allonville pour relier « en pas japonais » le Jardin des plantes au parc de la Moutonnerie.
Pour accélérer le mouvement, d’autres leviers sont à l’étude, comme la végétalisation des sites de soins, la création d’un hectare de pleine terre végétalisée le long des boulevards du 19e siècle à l’occasion du redressement des stationnements en épi, ou encore la mise en place de « rues jardins » en associant les habitants aux plantations.
« Ce plan de débitumisation vise autant des petites opérations que des espaces de plus de 200 m² en continu qui permettront de maximiser les gains écologiques », précise Delphine Bonamy. Tous les nouveaux projets de la Ville de Nantes devront prendre en compte cet effort de renaturation, en proposant une surface de pleine terre supérieure de 15 à 25 % par rapport à la situation existante, et 50 % d’arbres supplémentaires au minimum.
Une première transformation symbolique est à découvrir sur le parking Duchesse-Anne qui jouxte le Château : le « Débitumeur », personnage créé par l’artiste Jean Jullien, enroule un tapis de bitume pour laisser la nature s’exprimer.
Où débitumer en priorité ?
Une étude de l’Auran (Agence d’urbanisme de la région nantaise), lancée en avril 2022, va permettre de dresser un état des lieux précis des îlots de chaleur urbain et de la canopée nantaise. Ses conclusions serviront à identifier les zones minérales à débitumer en priorité, en tenant compte de leur potentiel, du nombre d’habitants concernés, des publics les plus touchés (jeunes, personnes âgées, ménages modestes), des secteurs en évolution, etc.