Après l’école modulaire Joséphine-Baker, ouverte en 2020 sur l’île de Nantes, un nouvel établissement, démontable et recyclable, accueille en septembre 2024 des élèves du quartier Nantes Sud. « Il fallait répondre à la saturation des écoles sur ce territoire. Ce type de bâtiment présente l’avantage principal de satisfaire rapidement les besoins et de pouvoir être réemployé ailleurs ensuite », indique Gwenaëlle Direur, cheffe de projet à la direction éducation de la Ville de Nantes. L'ouverture de l'école Alice-Milliat permet de rééquilibrer les effectifs dans les trois autres écoles du quartier, en accueillant jusqu'à 230 enfants.
Des cours réinventées
L’école, dotée de trois classes de maternelle et de cinq classes élémentaire, a été construite en dix mois sur l’ancien parking-relais des Bourdonnières. Ici, pas de modulaire mais une structure bois avec des murs préfabriqués en usine et assemblés sur site. Le projet, piloté par le groupement d’entreprises OBM Construction en association avec l’agence d’architecture nantaise forma6, est ambitieux en termes de performances environnementales. Il fait la part belle aux matériaux biosourcés, notamment le bois, et a favorisé le recours au réemploi.
Le bâtiment accueille en rez-de-chaussée le restaurant scolaire, les locaux périscolaires et une salle polyvalente qui sera, à terme, ouverte sur le quartier. L’école maternelle est au 1er étage avec les salles d'activités, les espaces administratifs et une bibliothèque centre documentaire (BCD). L'école élémentaire est au second niveau avec une BCD. « Les deux cours ont été conçues pour répondre aux ambitions des cours réinventées : végétalisées, ludiques, inclusives et favorisant l’égalité filles-garçons… », souligne Gwenaëlle Direur. Une venelle a également été réalisée entre l'école et les habitations à proximité pour favoriser les mobilités douces.
Enjeu de mixité sociale
« Les écoles publiques ont des secteurs géographiques qui leur sont rattachés. Pour créer ces secteurs on regarde les enjeux de proximité, de traversée de boulevards, de fleuves mais deux autres facteurs très importants font que la proximité n’est pas toujours prioritaire, explique Ghislaine Rodriguez adjointe en charge de l'éducation et de la réussite éducative. Le premier est la démographie scolaire, nous devons pouvoir accueillir tous les enfants du secteur sur le temps scolaire mais également sur les temps de repas, de périscolaires… Le deuxième enjeu est la mixité sociale qui est un fondement de l’école de la République.» Avec la création de l’école Alice-Milliat, il a fallu redécouper le secteur en trois, en maintenant la mixité sociale à Jacques-Tati. Le découpage des secteurs peut alors sembler illogique en termes de proximité. « La mixité sociale est la garantie d’un meilleur climat scolaire et un enjeu de vivre ensemble », ajoute Ghislaine Rodriguez.
Alice Milliat, militante du sport féminin
Pour honorer les trajectoires de femmes remarquables et les rendre plus visibles sur l’espace public, la Ville de Nantes poursuit sa démarche de féminisation des noms de rues et d’équipements. Ainsi une concertation avec la communauté éducative des écoles du quartier, Jacques-Tati, Ledru-Rollin et Sarah-Bernhardt, les enfants et les Nantaises et Nantais, a permis de donner le nom d'Alice Milliat à cette nouvelle école.
Alice Milliat (née Millon) naît à Nantes en 1884. Veuve et sans enfant à 24 ans, elle se consacre à la promotion de la pratique du sport chez les femmes. Présidente de Fémina-Sport, puis co-fondatrice et présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France (FSFSF), elle organise les premiers championnats de France de plusieurs disciplines et créée la première équipe de France féminine de football. Co-fondatrice de la Fédération sportive féminine internationale (FSFI), elle milite auprès du Comité international olympique (CIO) pour ouvrir davantage d’épreuves des Jeux olympiques aux femmes, notamment en athlétisme. Dans ce but, la FSFI crée ses propres Jeux féminins, organisés tous les quatre ans de 1922 à 1934. En 1936, Alice Milliat quitte ses fonctions. Elle repose depuis 1957 au cimetière Saint-Jacques, quartier Nantes Sud.