Vous avez parlé avec les élus de la ville de Nantes, les associations, les citoyens ? Qu’avez-vous retenu de ces échanges ?
Ce n’est pas toujours facile quand on vient d’un autre pays, en quelques heures, de vraiment comprendre la dynamique de ce qui se passe dans une ville. Mais mon impression est que la ville a conduit un travail vraiment intéressant sur la question de l’engagement citoyen, en créant une feuille de route transition énergétique, un projet alimentaire territorial. Le maire et son équipe m’ont paru très impliqués sur ces questions et les défis qu’ils représentent. Et j’ai aussi pu échanger avec de nombreux citoyens de divers groupes citoyens… C’est clair qu’il y a beaucoup d’associations citoyennes qui font un gros travail dans la ville. Il y a de bonnes passerelles qui se font avec la municipalité. Et le message global d’un changement urgent est aussi très intéressant. On sentait un engagement fort, avec une attention à ce que le processus citoyen ait sa place.
Un des points que je soutenais était qu’on peut créer un excellent plan pour l’énergie, la nourriture, mais il ne faut pas que cela se fasse sans lien avec l’économie, la santé physique et mentale, les écoles… Il faut réfléchir de façon globale, comment connecter ces différents éléments. Et aussi avoir en tête à quel point il est important que la Ville raconte bien cette histoire. En quoi ce qui est mis en place est excitant, en quoi cela suscite du débat public. A quoi Nantes ressemblera-t-elle en 2035? Quel sera le parfum de l’air, comment sera la vie. Raconter cette histoire est important, cela permet de créer le désir de voir tout cela se concrétiser.
Sur quels points Nantes peut-elle s’améliorer dans sa démarche de transition ?
Ce qui est évident, c’est qu’il y a déjà un travail très conséquent. Mais il me semble important que, quand on pense à un Projet alimentaire territorial, l’on se demande si on fait tout ce qui est possible pour donner plus de pouvoir et plus de démocratie à la communauté. Est-ce qu’on donne plus d’accès à la terre, est-ce qu’on fait évoluer le modèle économique de la ville de façon à multiplier les opportunités de créer une nouvelle économie alimentaire locale ? Est-ce qu’il permet de changer significativement le système ?
Et c’est la même chose avec la transition énergétique. Est-ce que la feuille de route permet de créer un système d’énergie renouvelable, mais qui reste dans les mains des grandes entreprises de l’énergie, ou un système qui permet de créer un maximum d’opportunités pour les habitants d’investir, de trouver de l’emploi ou de bénéficier de ce nouveau système d’énergie ? Cette solution permet de faire en sorte que l’argent demeure sur le territoire.
Quelles autres initiatives vous ont marqué dans les villes françaises que vous avez visitées durant votre tournée digitale ?
Un des projets les plus intéressants que j’ai découvert était à Mouans-Sartoux, près de Nice. C’est une commune qui a acheté des terres qui étaient vouées à un projet de logement et les ont transformées en un jardin potager qui fournit 70% de la nourriture des cantines de la ville. Ils ont mené des recherches passionnantes sur la façon dont cette démarche a conduit à un changement culturel chez les parents de l’école. 60% des parents qui ne mangeaient pas bio le font désormais. Mais je trouve qu’il se passe vraiment beaucoup de choses en France. Peut-être qu’il faut simplement partager plus ces histoires.