Ouvrir le robinet, c’est un geste quotidien auquel on ne prête guère attention. Mais pour que l’eau potable jaillisse dans votre évier, il faut une multitude d’étapes, du pompage dans la Loire en passant par le traitement à l’usine de l’eau de La Roche, dans le quartier Malakoff à Nantes, jusqu’à l’acheminement via un immense réseau de canalisations souterraines. Une logistique qui requiert l’intervention de nombreux agents de Nantes Métropole et des opérateurs privés (VEOLIA, Suez), avec des contraintes particulières en période de confinement.
“La base, c’est d’assurer le fonctionnement de l'ensemble du système, résume Denis Guilbert, directeur de la Direction du cycle de l’eau, à Nantes Métropole. En ce moment, l’eau potable prend plus d’importance encore, avec la nécessité de se laver les mains souvent. Il faut être vigilant sur le traitement, la distribution et s’assurer qu’il n’y ait pas de coupures. Et il faut pouvoir évacuer les eaux usées. On doit être vigilant à ne pas laisser les eaux usées partir sans traitement dans le milieu naturel.”
Un service clientèle joignable 24 heures sur 24
“Nous avons simplement suspendu quelques missions, comme la relève des compteurs d’eau, détaille Jean-Sébastien Richard, directeur de la régie publique de l’eau potable et de l’assainissement. Cela permet de minimiser le risque de contamination et la facture d’eau peut être établie avec une estimation de la consommation de l’année précédente.”
19 des 93 agents de la direction du cycle de l’eau et 280 des 385 agents de la régie (dont 35 à 40 sur le terrain chaque jour, par roulement) sont donc mobilisés. Leurs missions sont multiples : assurer la production de l’eau, sa distribution (réparation des fuites d’eau, de compteurs bloqués chez des abonnés), service clientèle joignable 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, facturation, avis sur les permis de construire...
Et si la plupart des chantiers, comme celui de l’usine de l’eau, sont à l’arrêt, “on maintient la maintenance curative : on répare ce qui est cassé, poursuit Jean-Sébastien Richard. Avec le confinement qui dure, on assure aussi un minimum de maintenance préventive pour ne pas occasionner de problèmes par la suite. Il peut s’agir de s’assurer du bon fonctionnement de pompes en eau potable et de faire la maintenance pour éviter des pannes, ou d’assurer le nettoyage de postes de refoulement sur les réseaux pour éviter que cela ne s’encrasse trop.”
Assurer la santé des agents
Une mobilisation qui se double de précautions particulières pour protéger la santé des agents : “Tous les exploitants sont vigilants pour ne pas mettre trop de monde sur le pont et assurer les services essentiels, assure Denis Guilbert. Tous ceux qui le peuvent sont en télétravail pour réduire l’exposition. Certains métiers doivent être sur le terrain car ils ne peuvent pas fonctionner à distance.” C’est le cas des personnels de l’usine de l’eau, et des équipes qui interviennent sur les réseaux. “ Le Covid-19 pourrait se retrouver dans les eaux usées, souligne Jean-Sébastien Richard. Les agents travaillent donc avec des masques, comme les collègues de la distribution d’eau potable, quand ils interviennent chez les usagers.” Les agents ont également reçu du gel hydroalcoolique, des lingettes désinfectantes, et ont été sensibilisés, bien entendu, aux indispensables gestes barrière.
Les chiffres clés
115000
m3 d’eau potable produits quotidiennement à l’usine de La Roche
40
interventions par jour environ sur le réseau depuis le début de la crise sanitaire
299
agents mobilisés dans le cadre du plan de continuité de l’activité
Bernard Beytout : “On va très loin dans les mesures de protection”
“Je suis électro mécanicien, je travaille à la régie de l'assainissement, dans la maintenance, depuis 18 ans. Je fais partie d’une équipe de 10 agents en astreinte, 24 heures sur 24. C’est toute l’année. Avec la crise sanitaire, notre façon de travailler est modifiée : les masques FFP3 sont obligatoires dans les postes de relèvement quand on est en contact avec l’effluent, pour éviter les projections, les vapeurs d’eaux usées. Le service a tout fait pour qu’on soit protégés au mieux, nous avons reçu du gel hydroalcoolique, des lingettes. On part dans notre propre véhicule, je suis le seul à le conduire. Et quand je rentre, mes affaires passent dans un sas : je dépose tout dans un sac dans le garage. On va très loin dans les mesures de protection.
Je suis à domicile, mais mobilisable à tout moment. À partir de 16h le soir, je suis en binôme avec un autre agent. On s’occupe uniquement de grosses urgences (disjonctions, pompes bouchées). D’ailleurs nous avons beaucoup de problèmes avec les lingettes, il ne faut pas les jeter dans les toilettes. On est sensibles à l’environnement, à notre mission de service public. On essaie de l’exécuter du mieux.”