Quel bilan dressez-vous en matière de lutte contre le sexisme en France ?
« En France, c'est un bilan assez contrasté depuis les dernières années. On ne peut pas dire que le sujet n'a pas été abordé mais les moyens ont surtout été mis sur la communication autour de ces sujets. C'est important de communiquer pour faire changer les mentalités mais il est nécessaire d'aller plus loin et d'investir massivement à la fois dans la justice et l'éducation. C'est ça qui peut provoquer un changement en profondeur. Il faut vraiment y aller car face à nous il y a un sexisme qui est en recrudescence entre autres sur les réseaux sociaux, qui influencent énormément les jeunes générations aujourd'hui. Il y a tout de même eu quelques avancées comme la mise en place de dispositifs pour lutter contre les violences faites aux femmes mais c'est vraiment la politique des petits pas. C'est dommage puisqu'il y a une attente de la société, des besoins qui sont parfois vitaux car des femmes victimes de violence sont en danger. Lors du grenelle des violences conjugales en 2019, la Fondation des femmes avait déjà proposé avec d'autres associations des mesures d'ampleur, d'urgence. Il faut les mettre en œuvre de manière ambitieuse et ne pas se contenter de prendre les petites mesures qui vont faire les plus gros titres ».
De nombreuses villes se sont emparées du sujet...
« On constate effectivement que la dynamique est du côté des collectivités locales qui essaient de faire des choses à la mesure de leurs moyens et de leurs compétences. Je pense notamment à la création de lieux dédiés à l'égalité entre les femmes et les hommes ou à certains événements comme les assises nationales de lutte contre les violences sexistes qui ont été organisées pour la première fois à Nantes en novembre dernier. Nous avons d'ailleurs reçu Mahaut Bertu, adjointe à la maire de Nantes en charge de l'égalité, à la Cité Audacieuse, le lieu dédié à l'égalité femme-homme de la Fondation des Femmes dans Paris. Elle cherche à créer des lieux, à soutenir le tissu associatif. On sent qu'il y a une volonté d'agir localement. Il y a un consensus sur l'importance de ce sujet, notamment depuis la dynamique #MeToo donc il faut que ça aille plus vite et plus fort tout en haut de la pyramide ».
Quelles sont les trois mesures que vous demandez en priorité ?
« La première mesure serait de débloquer des moyens conséquents, par exemple pour financer l'hébergement d'urgence des femmes qui en ont besoin. Il faut également une réforme en profondeur du système judiciaire pour lui permettre d'avoir une juridiction spécialisée sur les violences faites aux femmes. En terme d'égalité professionnelle, il est indispensable d’œuvrer contre les discriminations tout au long de la carrière, particulièrement au moment de la retraite. Il faudrait retirer cette réforme de la retraite qui pénalise d'abord et avant tout les femmes à un moment de leur vie où elles sont les plus vulnérables ».
Depuis 2019 à Nantes, Citad'elles accueille, écoute et oriente les femmes victimes de violences et leurs enfants.
Le lieu est ouvert 24h/24 et 7j/7.
02 40 41 51 51
8 bd Vincent Gâche - Nantes
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