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Dès 2025, la nature va remplacer le bitume pour transformer cet espace aujourd’hui austère et disparate en un chapelet de jardins, planté d’arbres, de massifs et de bosquets fleuris, où il fera bon se poser à l’entrée du centre historique.
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Il faut un peu d’imagination pour oublier le bitume et voir, à la place, se dessiner des jardins. « Aujourd’hui, la place de l’hôtel de ville est un lieu très routier, où les stationnements prennent toute la place », explique Cécile Bir, adjointe à la maire de Nantes déléguée aux parcs et jardins. « Cet espace, lâche et disparate, est assez difficile à lire, poursuit Olivier Baert, paysagiste de l’agence MAP Paysagistes chargée de sa transformation. L’histoire de ce site a été effacée par les bombardements de 1943 et il est resté quasiment en l’état depuis la guerre. »
Dans le cadre de son plan pleine terre (lire ci-dessous), la Ville de Nantes a décidé de réaménager les lieux en profondeur, en s’appuyant sur la végétation. « La nature est notre meilleure alliée pour faire face au défi du siècle : le changement climatique. Elle contribue à infiltrer l’eau dans le sol, capte le carbone, apporte de la fraîcheur et joue sur la qualité de vie et la santé des habitants, rappelle Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole. Quand on voit les conséquences des inondations à Valence, il n’est plus temps de tergiverser, il faut agir. » Nantes a largement engagé cette « bifurcation écologique ». Sur l’île de Nantes, sur la place des Lauriers à Bellevue, près du château sur la promenade entre l’Erdre et la Loire… La cité des ducs se dessine peu à peu un horizon plus vert. Jeudi 28 novembre, Johanna Rolland a dévoilé trois nouveaux projets de végétalisation d’espaces emblématiques du centre-ville, quartier fortement exposé au phénomène des îlots de chaleur : les abords de la mairie, le secteur Feydeau-Commerce (lire ci-dessous) et la place Gloriette, où les premières plantations vont s’engager en 2025 pour transformer, à terme, le parking de la Petite-Hollande en parc nature.
Un jardin à la place du parking de la Commune
Du côté de l’Hôtel-de-Ville, plutôt qu’une reconfiguration urbaine, longue et coûteuse, la municipalité a opté pour une transformation sobre et progressive, en deux temps. « L’idée est de recomposer l’espace grâce au végétal, éclaire Olivier Baert. Les îlots plantés proposeront de nouvelles volumétries naturelles, là où aujourd’hui tout semble tenu à distance. » Dès 2025, le parking de la mairie, situé rue de la Commune, disparaîtra pour créer « un salon extérieur végétalisé et fleuri, où l’on pourra se poser et partager des moments conviviaux lors des cérémonies de mariage », indique Johanna Rolland. « Les magnolias existants constituent déjà un beau couvert végétal, note Nolwenn Le Mevel, à la direction Nature et jardins. Il suffit de peu de choses pour en faire un jardin frais et agréable. » En février, l’enrobé sera retiré pour retrouver un sol perméable et créer une allée ensablée qui permettra de jouer aux boules ou aux palets, et d’améliorer l’accès des personnes à mobilité réduite (PMR). Des massifs fleuris seront également plantés avant l’été et des bancs installés à l’ombre des arbres.
Le square Halgan sort de ses murs
Dans le même temps, les rues de la Commune et Saint-Vincent seront rendues aux piétons, les stationnements voitures supprimés (sauf ceux réservés aux personnes à mobilité réduite) au profit de 75 places vélos, et les trottoirs agrémentés de massifs de vivaces. De l’autre côté de la rue, le square Halgan va profiter du projet pour sortir de ses murs. « Un grand bosquet sera planté à la place de la voirie et des stationnements afin d’étendre le végétal en lisière du square ». Seules les places d’autopartage et PMR seront conservées. Une collection de magnolias, deux beaux tulipiers, des tilleuls parfumés ainsi que des végétaux plus exotiques y seront plantés, en écho à la fresque du Toucan signée Alain Thomas sur un mur de la rue Fanny-Peccot. L’objectif ? « Composer un sous-bois fleuri qui favorisera la biodiversité et valorisera ce square un peu austère. »
Deuxième acte en 2027
Cette renaturation n’est qu’un avant-goût ! En 2027, les sols seront réaménagés de façon pérenne et les arrêts de bus déplacés pour faciliter les traversées piétonnes. Cette deuxième étape du projet englobera la reprise des rues du Moulin et Hôtel-de-Ville, la piétonisation et la reconfiguration de la rue Fanny-Peccot, ainsi que la végétalisation de la cour Rosmadec, aujourd’hui bitumée et encombrée par les voitures de service, dans l’enceinte de la mairie. À terme, ce sont 1500 m² qui seront ainsi rendus aux piétons et 1914 m² végétalisés avec la plantation de 71 arbres (18 dès 2025). « L’avant-après est très parlant, apprécie Cécile Bir. L’ambition est d’offrir demain aux habitants et aux visiteurs, un chapelet de jardins qui permettront de rejoindre Decré et le centre historique depuis la mairie de manière agréable, en échappant à la circulation et à la chaleur de la ville.»
Ça pousse aussi ailleurs
Plus d’arbres à Bouffay et sur le secteur Feydeau-Commerce
Un nouvel ensemble de 8 beaux arbres (chênes et frênes) va prendre racine dès cet hiver sur la partie ouest de Feydeau, pour étoffer la végétation et offrir davantage d’ombre le long des fontaines. « Nous avons entendu les attentes des habitants, souligne Johanna Rolland. C’était un défi technique à relever car le sous-sol est très contraint avec la présence du parking souterrain. » « Il fallait aussi conserver des espaces ouverts pour accueillir des événements et préserver la mise en valeur de l’axe historique de l’ancien pont de la Bourse », poursuit la paysagiste Jacqueline Osty. Trois de ces arbres seront plantés au sud de la ligne de tramway, à proximité immédiate des fontaines. Les autres prendront place dans les massifs situés tout à l’ouest de la promenade, et qui seront agrandis pour accueillir des plantes méditerranéennes (jasmin étoilé, clématite, rose de rocailles, etc.) « Leur implantation suivra l’axe historique de l’ancien pont de la Bourse, encadrant le chemin nord-sud reliant la place du Commerce à la rue de la Petite-Hollande », précise la paysagiste.
En parallèle, de janvier à mars 2025, de nouvelles plantations seront réalisées sur la promenade nantaise, au niveau du quartier Bouffay. Pour développer la canopée, 21 arbres de haute tige seront plantés et les fosses existantes seront agrandies pour que la nature puisse davantage s’y épanouir. Au total, 395 m² de pleine terre seront ainsi créés et 1600 vivaces et 1700 bulbes plantés pour colorer les beaux jours.
La question
Où en est le plan pleine terre pour réduire le bitume ?
Dans le cadre du plan pleine terre, la nature reprend ses droits dans tous les quartiers. Le projet Hôtel-de-Ville est une illustration très symbolique. « Il va offrir aux habitants qui viennent en mairie une entrée plus agréable et un espace ombragé pour patienter, explique Delphine Bonamy, adjointe déléguée à la nature en ville et à la végétalisation. C’est l’esprit même de ce plan lancé en 2022 : supprimer le bitume inutile pour créer des espaces végétalisés et apaisés, en repensant l’existant plutôt qu’en entreprenant de grands travaux de reconstruction. » Les élus montrent l’exemple avec la suppression de ce parking transformé en jardin. Mais ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. « En trois ans, nous avons déjà débitumé et végétalisé 6 hectares », indique l’élue. Et ce n’est pas fini ! Plusieurs autres jardins vont voir le jour dès 2025 dans les différents quartiers : rue Anatole-de-Monzie, place Viviani, sur le mail du Front populaire et devant l’école des beaux-arts où un jardin exotique sera créé en hommage à Frida Kahlo… Le square Vertais et le parc Beaulieu vont aussi s’étendre grâce à ces efforts de renaturation. « En 2026, nous aurons ainsi gagné 14 ha de nature. Cela représente deux fois la surface du Jardin des plantes et le double de nos objectifs initiaux », assure l’élue.
À noter
L’aire piétonne gagne du terrain
La transformation des abords de l’hôtel de ville va libérer de nouvelles rues de la circulation et des stationnements automobiles, au profit des piétons et des riverains qui pourront s’approprier ces espaces végétalisés. Après la piétonisation des rues Fléchier et Fénelon au cours de l’été 2024 , le réaménagement des rues Fanny-Péccot et de la Commune rendra les continuités piétonnes plus agréables et plus sécurisés pour rejoindre l’aire piétonne du cœur de ville depuis la mairie. Dans ce mouvement en faveur des modes doux, les rues du Cheval-Blanc, Armand-Brossard et Saint-Léonard, situées à l’ouest de la mairie, sont elles aussi en cours de piétonisation définitive. Avec, quand c’est techniquement possible, une désimperméabilisation et une végétalisation des sols gagnés sur la route.