Un an après le début des travaux d’extension de ce jardin plébiscité par les visiteurs, un verger exotique, un marais et un bassin de baignade sont déjà sortis de terre… Aperçu du paysage étonnant qui prend forme sur l’ancienne dalle de béton de la carrière de Miséry, avant l’ouverture à l’automne 2025.
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Un jardin deux fois plus extraordinaire
« C’est encore un chantier, il faut se projeter un peu pour imaginer le jardin qu’on découvrira demain », prévient d’emblée Loïc Mareschal, paysagiste de l’agence Phytolab à qui Nantes Métropole a confié son aménagement. Depuis le belvédère du square Maurice-Schwob, la transformation de cette ancienne friche industrielle est déjà impressionnante : à l’est de la carrière, qui sert depuis 2019 d’écrin à la première partie du jardin, un marais, un verger tropical et un grand bassin sont sortis de terre. Lancés en novembre 2023, « les travaux progressent selon le calendrier prévu », assure François Angot, à Nantes Métropole Aménagement. « Un défi technique, salue Johanna Rolland. Dès l’automne 2025, dans ce site exceptionnel bordé par la Loire et la future Cité des imaginaires attendue en 2028, les habitantes et les habitants de la métropole pourront profiter du jardin réellement extraordinaire dont nous avons rêvé. » Deux fois plus grand qu’aujourd’hui, il offrira aux visiteurs et aux habitants du territoire, « un lieu inédit où on pourra se baigner, courir, jouer, se reposer et profiter gratuitement d’un nouveau site d’activités sportives de plein air, en pleine ville », explique la maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole. À l’heure où Nantes vient d’être distinguée parmi les « 100 meilleures villes du monde », ce 101e grand parc de Nantes s’annonce comme « une nouvelle pépite » pour la métropole (lire encadré).
Sous le béton, un marais et une nature luxuriante
La dalle de béton qui recouvrait en grande partie l’est de la carrière a été retirée. « Plus d’un hectare au total a été désimperméabilisé », explique Loïc Mareschal. A sa place, un long cheminement sinueux a été réalisé pour raccorder les deux parties du jardin. De part et d’autre, la nature regagne du terrain. Les premières plantations ont débuté en décembre et donnent vie à ce projet paysager luxuriant, inspiré des aventures racontée par Jules Verne dans ses Voyages extraordinaires. « Ici, nous sommes sur la passerelle qui franchit le marais auquel nous allons donner des airs de mangrove, indique le paysagiste. L’eau coulera depuis la falaise avec une différence d’altimétrie et un débit aussi puissant que la cascade, ce qui provoquera un effet de torrent. » En suivant ce fil d’eau, « émergeant des cailloux comme un bouillonnement un peu mystérieux », les promeneurs croiseront une tourbière et des plantes carnivores, des saules aux racines aériennes, des roselières…
Une petite forêt et un verger tropical
Plus loin, une petite forêt se dessine : chênes, saules, sorbiers, lauriers… « Il faut imaginer des espaces très boisés, souligne le paysagiste. Entre ceux que l’on conserve et ceux qu’on plante, il y aura 430 arbres au total dans cette nouvelle partie du jardin, contre 140 dans la première phase. » Cette « laurisylve » sera traversée par des parcours d’aventures en bois, où le public sera invité à pénétrer pieds nus « pour retrouver un contact direct, comme peau à peau, avec la nature ».
Au pied de la falaise, la moitié des arbres du verger tropical sont également en place : arbousiers, citronnier sauvage, chêne du Mexique, etc. En mars/avril, ils seront rejoints par des arbustes exotiques de toutes sortes : agrumes, avocats, grenades, etc. De gros rochers, qu’on croirait tombés de la falaise, ont été disposés pour structurer cet espace de repos, qui sera ombragé par une pergola où grimperont courges, kiwis, calebasses, et autres fruits de la passion… « Nous allons travailler avec les botanistes du Conservatoire des collections végétales spécialisées pour ramener des spécimens rares (ronces asiatiques, orchidées…), précise Loïc Mareschal. Ces collections perpétueront la longue tradition horticole nantaise issue des voyages. Cette nouvelle gamme végétale préfigurera également ce qu’on pourra planté à l’avenir avec le réchauffement climatique. »
Un bassin de baignade épuré par les plantes
La pièce maîtresse de cette deuxième portion du jardin (chiffrée à 5,5 M€) avance elle aussi bon train. « La plateforme du bassin est désormais terminée et les travaux d’étanchéité débuteront bientôt », détaille François Angot. Une immense tente sera mise en place de janvier à mars pour assurer la protection du chantier.
Le bassin sera livré cet automne, et on pourra profiter de la baignade à l’arrivée des beaux jours, au printemps 2026. Avec sa plage verte de 1 400 m², ce bassin de 700 m² « permettra aux familles de trouver la fraîcheur et les plaisirs de l’eau en plein cœur de la ville », se réjouit déjà Cécile Bir, adjointe déléguée aux parcs et jardins. Comme dans les 16 pataugeoires municipales, petits et grands pataugeront dans une eau peu profonde (40 cm) alimentée en circuit fermé pour éviter le gaspillage. « L’eau sera filtrée à travers un jardin d’eau ,grâce aux plantes, décrypte François Angot. Cette ingénierie végétale novatrice permettra de conserver une qualité d’eau saine, conforme aux normes de baignade. » Lors des pics de fréquentation, un traitement complémentaire par UV sera appliqué si nécessaire.
Un nouveau spot pour les sports de plein air
Avis aux amateurs de sensations fortes. À l’automne 2025, sur ce site magique, il sera aussi possible de faire de la slackline et de la via ferrata. 30 nouvelles voies d’escalade sont en cours d’installation sur les parois de la falaise, en plus des 80 ouvertes en 2021. Les travaux s’engageront au printemps pour y ajouter par 5 sangles de slackline de 5 à 25 m, deux highlines, suspendues à 20 m de haut, et une via ferrata avec deux parcours de difficulté modérée qui permettront de découvrir sous un angle inédit le panorama sur le jardin et la Loire. « Unique en son genre, ce spot d’activités rupestres en pleine ville sera gratuit et ouvert aux pratiquants expérimentés comme aux novices », indique Franckie Trichet, adjoint délégué aux pratiques sportives libres. Débutant ou expert, chacun pourra tenter de trouver son équilibre sur les sangles de slackline. Idem pour le parcours de via ferrata. « Le parcours sera sécurisé par une ligne de vie continue pour les non initiés », précise l’élu. Il sera en accès libre (sur réservation) dès novembre 2025 pour ceux qui sont équipés. Pour ceux souhaitant louer du matériel ou se faire accompagner par un encadrant professionnel, l’accès sera possible à partir du printemps 2026. Les deux lignes de highline seront quant à elles réservées à des pratiquants expérimentés, dont on pourra admirer les prouesses lors d’événements. « La première partie du jardin invitait à la contemplation. Avec cette extension, nous passons d’un jardin à voir à un jardin à vivre qui profitera pleinement aux habitantes et aux habitants », se réjouit déjà Cécile Bir.
Plus verte la ville
Inscrit dans la transformation du quartier du Bas-Chantenay, ce Jardin extraordinaire augmenté « est un élément du grand puzzle que nous sommes en train de dessiner pour une ville plus végétale », rappelle Johanna Rolland. En 2020, la Ville visait la désimperméabilisation de 7 hectares d'ici à 2026. L’objectif est désormais doublé pour offrir aux habitants 14 ha d’espaces verts gagnés sur le bitume et 50 000 nouveaux arbres et arbustes. Les projets se multiplient dans les différents de quartiers de Nantes : en 2025, le végétal s’invitera ainsi sur la place de l’Hôtel-de-Ville, la place Gloriette Petite-Hollande et le parking Duchesse-Anne. Des jardins poussent aussi sur l’île de Nantes, aux Lauriers à Bellevue…« Beaucoup de villes se renaturent, mais à cette échelle c’est inédit, estime Romaric Perrocheau, directeur du service Nature et jardins. Au printemps, nous aurons 30 sites en cours de végétalisation, contre cinq ou six habituellement. » « Cette ville moins minérale, qui bifurque écologiquement pour s’adapter au changement climatique, c’est aussi un plus pour cadre de vie plus agréable », assure Johanna Rolland.