À Nantes, un centre de bien-être solidaire pour les personnes précaires

« Je vais faire le brushing, vous êtes prête ? » Géraldine Le Corre, socio-coiffeuse, apporte la touche finale à la nouvelle coupe de Magali qui a troqué ses cheveux longs pour un « carré dégradé ». « C’est super, ça correspond vraiment à ce que je voulais, apprécie la cliente du jour, accompagnée par l’association de lutte contre la précarité Saint Benoit Labre, qui avait renoncé pendant plus d’un an au coiffeur « car trop cher ». Dans ce salon pas comme les autres, ouvert fin avril quai de la Fosse, la coupe est gratuite, tout comme les soins et les produits d’hygiène et d’esthétique : gels douche, shampoings, crèmes pour le corps et le visage, maquillage… Le projet est porté par Emmaüs Solidarité et le groupe L’Oréal. C’est le 4e espace de ce type ouvert en France depuis 2021, le premier hors région parisienne.

« Redonner du pouvoir d’agir »

« Les personnes en situation de précarité, orientées par Les Eaux Vives Emmaüs et par une vingtaine d’associations du territoire, ont la possibilité de choisir gratuitement trois produits d’hygiène et de beauté tous les mois. À cela s’ajoute une offre de soins de socio-esthétique et de socio-coiffure qui fonctionne aussi selon un système de bons, indique Noémie Caquineau, directrice du pôle Nantes Métropole des Eaux Vives Emmaüs. L’idée, c’est de redonner du pouvoir d’agir en leur donnant le choix des produits et des soins. Elles ont ici la possibilité d’exprimer leurs envies. C’est un outil au service du parcours d’insertion. »

Dans la boutique au joli mur bleu agrémenté de verrières, Mariam, également accompagnée par Saint Benoit Labre, a fait son choix : « J’ai pris une crème de jour et d’autres produits pour le visage. Cela répond à mes besoins, c’est un petit plaisir. » Elle pourra revenir dans deux mois pour bénéficier de trois autres produits et en profitera pour faire « un soin du visage » avec Julie Viau, socio-esthéticienne de l’association Menthe poivrée, présente le lundi après-midi. « Je fais essentiellement des manucures, des soins du visage et des modelages. On part vraiment du besoin de la personne, sans injonction. Ces soins permettent au cerveau de se reposer et de libérer des hormones de bien-être. Ça réapprend aussi à avoir confiance en l’autre. » Pour Géraldine Le Corre, socio-coiffeuse présente le vendredi après-midi, « l’objectif est de travailler sur l’estime de soi tout en apportant détente et relaxation avec un modelage du cuir chevelu ». Des ateliers collectifs ont également lieu une fois par mois. Une quarantaine de personnes ont déjà bénéficié du centre depuis son ouverture, plus de 7600 en France depuis 2021.