Il est midi ce jeudi 30 mars et une vingtaine de personnes déjeunent au restaurant intergénérationnel de Port-Boyer, situé au Nord de Nantes non loin des bords de l’Erdre. Arrivés au compte-goutte, les usagers se sont salués nommément puis se sont regroupés par affinité : certains préfèrent être seuls, d’autres s’installent par petits groupes de trois à sept personnes. Les deux agents de restauration présentes, Cindy et Haïla, ont mis le couvert sur des nappes en papier bleu. « Ici chacun a sa place, son petit groupe, explique la seconde. Le lieu permet d’avoir ses habitudes et d’être dans la convivialité. »
La plupart des personnes sont âgées, mais le lieu est ouvert à tous et à tarif solidaire (les prix varient de moins de deux euros à un peu plus de onze euros selon le quotient familial). « Ce restaurant réunit nos résidents, qui sont des personnes âgées autonomes, mais il est aussi ouvert à tout public, résume Alexandra Rousière, directrice de la résidence autonomie de Port-Boyer. Des personnes qui travaillent, des personnes âgées du quartier et aussi parfois des familles sont contentes de pouvoir venir ici au restaurant. »
Comme tous les midis depuis deux ans, Jean-Philippe est par exemple présent ce jeudi. Âgé de bientôt 62 ans, il n’est pas encore à la retraite mais est ravi de se restaurer ici : « J’ai commencé à venir parce que je n’aime pas trop faire la cuisine. On mange bien et puis ça permet de rencontrer des gens, c’est super, je connais tout le monde ici. » Installée un peu plus loin, Marie-Catherine partage le même sentiment. La retraitée de 74 ans détaille : « J’ai perdu mon compagnon en 2008. Depuis, je cherche à couper la solitude. Je viens ici depuis 5 ans du lundi au samedi, c’est une ouverture sur le monde. Et c’est une bonne solution vu le coût de la vie. » Assise en face, Yveline, 67 ans, ajoute : « On mange bien et en plus Cindy et Haïla ont toujours le sourire, c’est tellement agréable. »
Soudain, une clown nommée Mme Elsé entre dans le restaurant et entonne “La Java bleue”. Beaucoup chantent et Marie-Catherine fait même quelques pas de danse. Si la venue de cette clown est exceptionnelle, elle montre que ce restaurant est un lieu de vie et d’activité. « On organise parfois des raclettes, des barbecues. On prête des salles à une troupe de théâtre qui en échange donne des représentations aux résidents. Du sport et une chorale sont aussi proposés dans le cadre du bien vieillir », liste Alexandra Rousière. Après le repas, certains repartent immédiatement alors que d’autres resteront sur place pour un moment de discussion autour d’un café. Mais, ici, tout le monde se dit : « à demain ».
Les cinq restaurants intergénérationnels (RIG) de Nantes