Depuis mars 2020, la pandémie de Covid-19 a bouleversé nos vies. Cette crise ne peut qu’avoir des conséquences fortes sur les décisions politiques. Pour que ces dernières soient au plus près des préoccupations des habitants du territoire dans sa diversité, Nantes Métropole lance un nouveau type de démarche citoyenne en deux temps. “Il y a une nécessité du temps de l’analyse et du diagnostic, pose Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole. Il nous faut prendre le temps de comprendre ce qui a changé dans la métropole depuis le début de cette crise. On a beaucoup entendu les experts s’exprimer. On a envie d'entendre les habitants.”
Une grande enquête métropolitaine
Du 10 au 23 septembre, une enquête téléphonique a été réalisée par l’institut TMO Régions. 2 300 personnes constituant un échantillon représentatif de la population métropolitaine ont répondu à 50 questions portant sur l’impact de la crise sur leur vie, et leurs aspirations pour l’après. Les résultats seront connus à la mi-octobre. “ Cette enquête va nous permettre de faire émerger certaines catégories, comme les travailleurs non salariés, qui apparaissent rarement dans les enquêtes nationales, explique Vincent Guillaudeux, de TMO. C’est la même chose pour les petites communes dans les enquêtes métropolitaines. La taille de l’échantillon va permettre de représenter la diversité.”
“ Le questionnaire a été très bien accueilli, on a eu beaucoup de personnes intéressées, concernées, souligne Christelle Scuotto-Calvez, maire des Sorinières et vice-présidente de Nantes Métropole chargée du dialogue citoyen. Et 80% des personnes contactées n’avaient jamais répondu à une enquête, participé à un débat… Ce sont des personnes qui ne seraient pas venues d’elles-mêmes et cette démarche leur donne la possibilité de participer.”
Une Convention citoyenne de 100 jours
Parmi ces 2 300 sondés, 80 citoyennes et citoyens seront sélectionnés. Ce nouvel échantillon, là encore représentatif, sera composé de 35 habitants des 11 quartiers nantais, de 35 habitants des 23 autres communes de la métropole et de 10 habitants des territoires voisins. Ils participeront à 4 sessions de 1,5 à 2 jours dans différents lieux de la métropole, entre novembre 2020 et février 2021. Ils rencontreront entre 35 et 70 experts et acteurs du territoire pour construire leur diagnostic. 4 garants seront désignés pour assurer l’indépendance des travaux de cette Convention citoyenne. “La particularité, c’est qu’on leur donnera tout pouvoir pour mener l’exploration et pour rencontrer les acteurs du territoire afin de nourrir leur propre opinion, détaille Judith Ferrando, co-directrice de Missions Publiques, expert de l’organisation de dialogues citoyens qui a notamment piloté la Convention citoyenne pour le climat. Et ils auront du temps pour rédiger leurs conclusions. Ce sont les citoyens qui vont écrire le diagnostic, les priorités.”
“Avec cette convention, nous avons voulu dépasser la simple addition des points de vue individuels, insiste Johanna Rolland. Nous voulons dégager les lignes de forces, mais aussi ce qui fait débat entre les citoyens, parce que c’est ça, le respect de la diversité des points de vue.”
Un diagnostic qui nourrira le projet de mandat de la Métropole
“Ce n’est pas un débat pour un débat, appuie Christelle Scuotto-Calvez. Les retours sont attendus pour février. Puis nous organiserons un séminaire élus de Nantes Métropole, mais aussi les conseillers municipaux pour travailler sur ce qui en ressortira. Tout cela doit permettre de donner un plan de mandat au projet politique.” Un avis partagé par Fabrice Roussel, maire de La Chapelle-sur-Erdre et 1er vice-président de Nantes Métropole : “L’essentiel est de savoir comment ce travail pèsera. Nous sommes en début de mandat, nous allons travailler la feuille de route de Nantes Métropole. Il nous paraissait évident que l’on le fasse en prenant en compte ces avis.” La démarche est d’ailleurs partagée par l’ensemble des maires de la Métropole, toutes tendances confondues, comme en témoigne le maire de Saint-Sébastien-sur-Loire et conseiller métropolitain Laurent Turquois : “Cette convention doit mettre au cœur de nos réflexions les citoyens pour qu’ils nous amènent à prendre les bonnes décisions. La méthode favorise le fait que la Métropole ne soit pas une administration lointaine, mais un outil au service des citoyens. On attend beaucoup de ces éléments de retour.”