Place de la nature, formes des constructions, protection des espaces naturels, lutte contre l’étalement urbain… Après plus de quatre ans de concertation, la Métropole a adopté vendredi 5 avril son nouveau Plan local d’urbanisme (PLUm). Ce document, commun aux 24 communes, est la nouvelle bible de l’aménagement dans la métropole. Traduction concrète du projet de territoire à l’horizon 2030, il remplace les PLU communaux et définit les règles qui s’appliquent désormais pour chaque terrain : où et comment construire, comment se raccorder aux réseaux, quelles préconisations prendre en compte… « Pour préserver la douceur de vivre dans une métropole parmi les plus attractives de France, il est essentiel d’inventer un nouveau modèle de développement permettant de continuer à construire tout en étant attentif à l’environnement, notamment à la place de la nature en ville, et s’engageant résolument dans la transition écologique », explique Johanna Rolland, maire de Nantes et président de Nantes Métropole.
Pour traduire cette ambition en action, de nouvelles règles apparaissent. «Les permis de construire devront les respecter dès le 23 avril », précise Pascal Pras, maire de Saint-Jean-de-Boiseau et vice-président de Nantes Métropole chargé de l’urbanisme, du foncier et de l’habitat. Voici 5 nouveautés parmi les plus emblématiques :
1. Le “coefficient de nature en ville” (aussi appelé « coefficient de biotope par surface » en langage juridique) impose désormais de préserver une part de vert dans tout nouveau projet : pleine terre, toiture végétalisée, etc. En plus des habituels espaces boisés classés (EBC), le PLUm protège aussi les cœurs d’îlots verts, zones humides, boisements et haies (14 000 hectares au total). Un plus pour le cadre de vie. Et un moyen de favoriser la biodiversité, éviter les inondations et lutter contre les îlots de chaleur.
2. Les règles de haute qualité architecturale et paysagère. Ensoleillement des logements, cœurs d’îlots verts, hauteurs… Les nouvelles règles de construction visent à éviter les bâtiments trop hauts, les façades trop linéaires, les blocs monolithiques, ou encore à protéger la singularité de certains quartiers. Pour lutter contre une métropole à deux vitesses, le PLUm renforce par ailleurs l’obligation de construire des logements sociaux et abordables, accessibles aux plus modestes. Objectif : bâtir 2000 nouveaux logements sociaux par an, soit 33 % de la production neuve.
3. “Zones urbaines mixtes” et courtes distances. À l’exception des activités comportant des risques ou nuisances, le PLUm généralise les zones UM mêlant emplois, logements, transports et commerces, accessibles à pied. L’enjeu ? Dessiner une « métropole rapprochée », permettant de trouver tous les services du quotidien près de chez soi, et propice à la vie de quartier. Le PLUm encadre par ailleurs fortement l’étalement urbain, avec un objectif : bâtir trois quarts des nouveaux logements à l’intérieur du périphérique et dans les centres existants.
4. Commerce et agriculture urbaine. Principal changement en matière d’économie : la création d’une OAP Commerce (ndlr, Orientation d’aménagement et de programmation) qui encadre l’évolution des commerces de proximité afin d’éviter qu’ils ne disparaissent. Le PLUm agit aussi de manière volontariste dans le domaine agricole en divisant par deux la consommation annuelle des espaces naturels, agricoles et forestiers, et en soutenant le développement de l’agriculture urbaine. Cette dernière est désormais autorisée partout, même en ville.
5. Cycle de l’eau : la fin du tout tuyau. Pour éviter d’engorger les réseaux, chacun doit désormais assurer l’infiltration des eaux pluviales sur sa parcelle en gardant des surfaces de pleine terre, jardin, toiture végétalisée, etc. Sur les terrains où il y a un risque d’inondation liée aux pluies exceptionnelles, les constructions sont interdites. De même à moins de 10 m des petits cours d’eau.
Une co-construction sans précédent
« Ces nouvelles orientations sont le fruit d’un travail collectif sans précédent mené avec les maires des 24 communes, la population et les acteurs du territoire », rappelle Pascal Pras. De novembre 2017 jusqu’à l’enquête publique à la rentrée 2019, dernière étape de ce long processus de co-construction, 6 000 personnes ont participé aux différents ateliers et rendez-vous publics du PLUm, et le site qui lui est dédié a enregistré pas moins de 45 000 visites. « 12 000 questions au total ont été posées », précise l’élu. La grande majorité provenaient de particuliers s’interrogeant sur la constructibilité de leur parcelle, les hauteurs ou les nouvelles protections environnementales (zones humides, espaces paysagers protégés, etc.)