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Santé mentale des jeunes : comment lutter contre la déprime ?

Santé mentale des jeunes : comment lutter contre la déprime ?

La pandémie de Covid-19 et le dérèglement climatique font partie des révélateurs majeurs du mal-être chez les jeunes. Localement, acteurs publics et associatifs sont mobilisés pour prendre soin de leur santé mentale. Nantes Passion y consacrait son dossier du numéro de janvier 2023. Guide pratique.

Ce que vous trouverez :

Le contexte

Premier poste de dépenses pour l’assurance-maladie, la santé mentale est un enjeu majeur de notre société. La crise sanitaire et le changement climatique ont fait émerger ou intensifier des symptômes : dépression, addictions, éco-anxiété... Avec pour conséquence concrète une hausse des consultations chez les professionnels du champ thérapeutique pour les jeunes adultes. Santé publique France pointe une hausse des actes médicaux pour état dépressif chez les 18-24 ans : +34 % par rapport à 2021 (chiffres janvier 2023).

Ensemble, collectivité, CHU et associations s’engagent à Nantes pour lutter contre le mal-être des jeunes et se retroussent les manches pour trouver des solutions durables. 

Dossier santé mentale des jeunes : comment détecter les signaux de mal-être ?

Comment détecter les signaux de mal-être de son enfant ?

Pierre Poitou, psychologue à la Maison des adolescents de Loire-Atlantique, l’affirme sans détour : « Ce n’est jamais simple de donner des signaux mais il y en a. Il n’y a pas que les mots, le corps parle. Ça peut être des troubles du sommeil, alimentaires ou encore des modifications d’humeur avec des variations très fortes. » Un élément, toutefois, doit alerter : les changements dans les habitudes. Dès lors, que faut-il mettre en place quand on a un doute sur l’état de santé mentale de son enfant ? « Ne pas le brusquer. Si on est sur son dos, ce dernier peut chercher à se cacher, explique le patricien. Ce qu’il faut retenir, c’est ce que quand un adolescent ne va pas bien, la maison ne va pas bien. Il faut l’inviter à aller consulter ensemble ». C’est possible à la Maison des adolescents de Loire-Atlantique. Cette dernière informe, accueille, écoute et accompagne les jeunes de 11 à 21 ans et leur entourage.

La Maison des adolescents de Nantes en pratique

La Maison des adolescents est ouverte du lundi au samedi, de 13h à 18h au 7 rue Julien Videment à Nantes. Il est possible de prendre rendez-vous au 02 40 20 89 65.

Un accompagnement gratuit avec Mon soutien psy

Selon l’Observatoire de la psychologie, la moyenne nationale du prix d’une séance individuelle chez un psychologue est de 64€. Près d’un Français sur cinq a l’intention de consulter un psy mais depuis le premier confinement, seul un sur dix a franchi le cap (données janvier 2023). Pour lever ces freins financiers, Mon parcours psy permet de bénéficier de huit séances gratuites par an. 

Jusqu’à huit séances gratuites par an chez un psychologue avec Mon soutien psy

En pratique : consultez votre médecin qui évaluera votre état de santé et vous fournira une prescription pour un psychologue. Vous pourrez ainsi consulter un ou une thérapeute partenaire de ce dispositif mis en place au printemps 2022. Vous avancez les frais de chaque consultation, puis vous êtes remboursés par votre assurance maladie et votre mutuelle ou complémentaire santé. Si vous êtes éligible au tiers payant, vous n’avancez aucun frais.

Faire un premier pas vers la rémission auprès de Solipsy   

Depuis 1983, Solipsy poursuit la même mission « accueillir, accompagner et sensibiliser » les personnes majeures qui rencontrent des problèmes de santé psychique : du coup de blues à l’anxiété ou la dépression. « Les personnes qui rentrent dans notre parcours de soin bénéficient d’entretiens réguliers avec un psychologue (souvent toutes les deux semaines pour les jeunes) pour faire le point et avancer, » éclaire Guillaume Baudouin, directeur de l’association.

Un accompagnement collectif est aussi proposé par des art thérapeutes professionnels : ateliers artistiques (dessin, écriture), expression corporelle pour se sentir mieux dans son corps. « Nous nous adaptons aux besoins de la personne en demande et nous nous appliquons à dédramatiser la situation. Tous les parcours sont différents car il peut être difficile de démêler et d’identifier les différentes causes du mal-être. Mais il n’y a rien d’inéluctable, surtout en santé psychique, poursuit Guillaume Baudouin. Le simple fait de prendre rendez-vous avec un thérapeute est déjà un premier pas vers la guérison ! Parfois, les patients se sentent mieux au bout de quelques séances. Retrouver la capacité d’aller voir des amis, d’aller au cinéma ou boire un verre est déjà une victoire. »

L'association Solipsy en pratique 

23 Rue Adolphe Moitié, Nantes
Tél. 02 40 08 08 10
secretariat@solipsyasso.org

Un guide gratuit dédié à la santé mentale   

Qui sont les professionnels en santé mentale ? Que faire face à une personne en crise ? Et comment repérer les signes d’alerte ? Vous trouverez les réponses dans le guide édité par la Ville qui donne des clés pour comprendre la santé mentale et mieux orienter les personnes en souffrance psychologique. On y trouve également un annuaire des lieux de soins, d’accompagnement et d’entraide, un descriptif de ce que sont les souffrances psychiques et un dictionnaire des troubles psychiques, afin d'orienter vers les professionnels en fonction de la situation des personnes.

Consultez le guide de la santé mentale :

Les étudiants relais santé du campus de Nantes Université

Ces étudiants qui soutiennent et orientent leurs pairs

“On se rend compte bien souvent que les personnes n’osent pas aller consulter. Il ne faut pas avoir peur de dire quand ça ne va pas”. Lorida, 21 ans, fait partie des 15 étudiants relais santé (ERS) qui arpentent les différents campus de Nantes Université toute l’année. Ce dispositif, lancé localement en 2015, permet aux étudiants d’obtenir de l’information sur les questions de santé publique et d’être orientés vers un professionnel... grâce à leurs pairs. C’est concrètement le cas pour la santé mentale. « C’est un sujet très important sur lequel nous ne sommes pas assez informés », souligne Tanguy, lui aussi « ERS ». Pour bien appréhender leurs missions, Lorida et Tanguy ont suivi une formation d’une semaine dispensée par des professionnels de santé. À la clef : l’obtention du Premier secours en santé mentale. « Ça nous permet de bien réagir, reconnaître les symptômes de la dépression, de la crise d’anxiété ou de la psychose. ». Chaque année, le service de santé des étudiants de Nantes Université accompagne plus de 6 500 jeunes.

Prendre rendez-vous avec un ou une psychologue, médecin psychiatre de Nantes Université

Soigner le mal être autrement : les bienfaits de la médiation de pleine conscience

Depuis 35 ans, la psychomotricienne Catherine Muzellec pratique la méditation de pleine conscience, une thérapie dont les bienfaits sont reconnus par la communauté scientifique. « La méditation était d’abord une passion, mais petit à petit, elle m’a aidée à gérer des situations émotionnelles intenses. Après plusieurs années de formations à l’étranger, elle est désormais au cœur de ma pratique professionnelle et je la transmets en tant qu’institutrice en mindfulness », éclaire Catherine Muzellec. Aujourd’hui, la thérapeute a son cabinet à la Clinique du parc, les médecins peuvent orienter leurs patients dans l’un des deux programmes thérapeutiques qu’elle propose. Le premier (MBCT) est destiné à éviter les rechutes dépressives, le deuxième (MBSR) favorise la réduction du stress. «La méditation est praticable par toutes et tous », continue la thérapeute, « Il ne s’agit pas de se transformer en moine bouddhiste, bien sûr, mais d’apprendre à laisser passer les émotions et les pensées contradictoires qui nous traversent l’esprit sans cesse, pour accepter le moment présent et apaiser le mental. À terme, la méditation permet d’apprendre à prendre soin de soi, même quand on souffre et à cultiver une vraie estime personnelle, des éléments indispensables dans le processus de rémission. »

Plus d'infos sur le site de la clinique du parc

Des solutions pour aller mieux avec l'association Le Pas, le CHU de Nantes et le CReSERC

Une aide dans les quartiers populaires

L’association Le Pas (Lieu d’écoute – parole – aide – soutien ) offre un suivi psychologique auprès d'habitants en situation de précarité sociale, éloignés des parcours de santé. Les psychologues du Pas proposent ainsi de faciliter l’accès aux soins thérapeutiques, notamment pour les jeunes adultes, via des consultations téléphoniques et en présentiel dans cinq lieux de proximité. 

L'association Le Pas, en pratique : 
Tél. 06 69 62 01 57
Les rendez-vous se prennent directement auprès des psychologues. La participation est à prix libre (1€ minimum). 

La lutte contre les addictions

Les addictions mènent parfois à la dépression et à des troubles psychiques. À Saint-Jacques, la question est suivie depuis de nombreuses années par l'équipe d'addictologie du CHU de Nantes. L’addiction, ce sont les maladies et troubles du comportement qui ont en commun une relation d'abus ou de dépendance. Avec consommation de produits : alcool, drogues, tabac, médicaments, produits dopants... Et sans produit : comportement alimentaire, jeu de hasard et d'argent, jeu vidéo, sport, sexe, Internet, travail… Objectif : mettre en place la meilleure prise en charge et thérapie. Le CHU de Nantes, pionnier dans ce domaine, collabore avec la Française des Jeux. 

Un soutien par des pairs-aidants 

Partager son mal-être à d’autres n’est pas chose facile. Avec les “Ateliers du lien”, le CReSERC (Centre de référence en soins d'éducation thérapeutique et de remédiation cognitive) propose des rencontres en groupe. Des rendez-vous individuels sont également possibles. Rattaché au CHU de Nantes, le Creserc déploie et coordonne des soins thérapeutiques en direction de personnes en situation de handicap psychique. On y développe également une dynamique de pair-aidance. Les pairs-aidants sont des personnes qui ont traversé des déséquilibres psychiques et s’appuient sur leur expérience de vie et leur parcours de rétablissement pour soutenir leurs pairs. 

Johanna Rolland lors du colloque international

Appel de Nantes : « La santé mentale, c’est aussi l’affaire des villes »

D’ici 2050, 70% de la population mondiale vivront dans des aires urbaines. Fort de ce constat, un certain nombre de villes comme Barcelone, Paris, Seattle, Ouagadougou, Nantes et Lyon, ont signé L’Appel de Nantes, dans le cadre du colloque international « Villes et santé mentale » organisé en décembre 2022 à la Cité des congrès. Les villes signataires s’engagent à mettre la santé mentale au cœur de leurs actions et : « construire des villes favorables à la santé, en agissant concrètement dans de nombreux domaines : mobilités, urbanisme, nature en ville, sport, culture, accès à l’emploi mais aussi la lutte contre les discriminations », souligne Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole. L’objectif est de sortir également la santé mentale des seuls cercles d’experts et d’accorder plus de moyens pour améliorer la prévention et le mieux-être des habitants. Un bilan sera tiré en 2025, à l’occasion du prochain colloque international « Villes et santé mentale ».           

Le site du colloque international Villes & santé mentale

Pour aller plus loin